Chartreuse dans la brume
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire
Lieu : France | Savoie | Chartreuse | Vallée des Entremonts
Chaque matin, c’est la brume que je vois apparaître en premier dans la forêt en face de la maison. Les arbres sont magnifiés et ont un côté mystique que j’adore ! Ensuite, les premiers rayons de soleil passent au-dessus du Mont-Granier et du Pinet et viennent réchauffer les cimes des arbres. La brume blanchit et s’élève peu à peu dans le ciel. Un ballet sans fin que tout le monde devrait avoir la chance de regarder.